Démarche artistique

Gabrielle Turbide

J’explore les relations possibles entre l’art, la biologie et la technologie, dans une pratique de l’installation, de la vidéo et de la photographie expérimentale. Je m’intéresse, plus spécifiquement, à la création d’écosystèmes photosynthétiques mettant en relation l’humain, la machine et le végétal.

Mon processus de création, basé sur l’expérimentation des biomatériaux, est influencé par les relations interspécifiques humaines et non humaines comme le parasitage ou encore la symbiose mutualiste et commensaliste. Mon travail vise à développer des systèmes artistiques à la frontière de la cybernétique et de l'écologie. Dans ceux-ci, je tente de rendre perceptibles des phénomènes naturels imperceptibles pour l’homme, que ce soit par la création de cellules bio photovoltaïques faites de microalgues, de supports numériques vivants ou encore de systèmes d’art génératif hybride. J’explore également la création de tissus faits de bactéries et de mycélium.

Je m’intéresse au potentiel d’agentivité des plantes, des algues et du phytoplancton dans une optique créative, ainsi qu’au processus de photosynthèse: producteur de pigment vivant. En effet, la photosensibilité végétale rend possibles certains processus photographiques expérimentaux appelés anthotype et chlorotype. Ces deux techniques, nécessitant seulement de la chlorophylle et une source lumineuse, permettent de générer des impressions entièrement naturelles. L’image reste ensuite photosensible et donc, éphémère. Cette sénescence des cellules nous renvoie, de manière poétique, à notre propre fragilité en tant qu’espèce. Dans cette optique, j’essaie de mettre en scène des écosystèmes artistiques en équilibre précaire, dans lesquels chaque organisme dépend des autres pour vivre, générer et ainsi créer.